Situé dans la préfecture de Wakayama à 100 kilomètres au sud d’Osaka, le mont Koya est un haut lieu du pèlerinage bouddhiste. Il a été fondé il y a plus de 1 200 ans en tant que centre d’enseignement du bouddhisme ésotérique shingon par le moine Kukai, dit Kobo Daishi. Il n’existe pas la montagne qui s’appelle Koya. C’est un plateau entouré de huit sommets d’environ 900 mètres d’altitude. Le mont Koya où existe 117 temples bouddhistes actifs compte 2 500 habitants dont un tiers de moines. C’est la plus grande cité religieuse du pays. Si vous voulez expérimenter pleinement une retraite religieuse et spirituelle difficile à pratiquer ailleurs, il est incontournable à visiter. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004, les pèlerins le visitent sans cesse pour la dévotion envers Kukai. Ressentez-y l’esprit bouddhique filé sans interruption au cours de longues années dans une ambiance majestueuse et mystique.
Le mont Koya regorge de jolis points d’intérêt, parmi lesquels Okuno-in et Danjo Garan sont les deux grands lieux saints à visiter.
Okuno-in
Le cœur de la visite du mont Koya réside dans la balade à Okuno-in qui y recouvre une grande partie de l’est. Okuno-in est une nécropole qui s’étend sur 2 kilomètres de long du pont Ichi-no-hashi jusqu’au mausolée de Kukai. Plus de 200 000 pierres tombales et des pagodes de différentes époques s’y alignent entre les immenses vieux cèdres. Le bruissement du vent dans les branches, la lumière filtrant entre les branches, les pierres tombales couvertes de mousses… L’ambiance sereine et mystique qui y règne vous saisira.
Les pierres tombales de samouraïs célèbres et autres personnages historiques y sont remarqués, mais dirigez aussi vos regards vers de petites pierres tombales de la classe populaire. Discrètement posées, vous pourrez passer sans en remarquer. Ce qui est unique au mont Koya, c’est son esprit généreux qui accueille tous sans distinction de rivalité, de classe sociale, de sexe ou de religion.
Les pierres tombales à cinq étages trouvées à Okuno-in sont appelées en général gorinto. Les formes et les lettres gravées en sanscrit se rapportent aux cinq éléments qui composent l’univers. Du bas vers le haut, le carré représente la terre, la boule l’eau, le triangle le feu, la demi-lune le vent et la feuille de lotus le ciel. La plus grande pierre tombale appartenant à la mère du shogun Tokugawa Iemitsu est haute de 6,6 mètres.
Vous y remarquerez aussi de petites statues de pierre portant des bavoirs ou des bonnets. Ce sont des statues du bodhisattva jizo. Comme le jizo nous est le bouddha le plus familier, il est vénéré non seulement dans les temples mais aussi au coin de la rue. Dans le bouddhisme, le jizo travaille en souhaitant secourir les hommes contre la souffrance et le malheur. Selon la croyance populaire, le jizo veille sur les enfants et protège les âmes des enfants décédés dans l’au-delà. C’est pourquoi il garde les traits du visage d’enfant. Je vais vous montrer les jizo intéressants à voir en s’y baladant.
Le jizo kazutori qui se lie avec le dieu de l’enfer, enma. Il compte notre visite à Okuno-in. Plus on le visite, plus on peut accumuler le mérite. Ce jizo peut donc alléger notre péché dans ce monde et nous mener au paradis.
Le jizo kesho. Il est très remarqué en raison de son visage maquillé. Selon une légende, les femmes seront plus belles en le maquillant. Vouloir la beauté, la richesse… Ces désirs sont considérés comme passions qui devront être domptés dans le bouddhisme général, mais ils seront exaucés pour le moment dans le bouddhisme ésotérique.
Les jizo nakayoshi qui se serrent les uns contre les autres. Leur visage doux crée une ambiance détendue.
Près du pont Gobyobashi qui franchit la rivière Tama, 15 statues bouddhiques en bronze s’alignent. Il y en a des autres que celles de jizo, mais toutes les statues sont désignées sous le nom générique de jizo mizumuké. Les visiteurs à Okuno-in achètent les tablettes bouddhistes pour les défunts à la salle des offrandes, Gokusho et versent de l’eau trois fois sur les tablettes posées au pied de ces statues pour apaiser les âmes des défunts.
Lorsque l’on traverse le pont Gobyobashi qui mène au mausolée de Kukai, on pénètre dans l’espace le plus sacré du mont Koya. Au-delà de ce pont, il est interdit de prendre des photos, de boire, de manger ou de fumer. N’oubliez pas de baisser la tête et de joindre les mains pour prier avant de le traverser. Le mausolée de Kukai se trouve tout au fond, derrière la chapelle de prières illuminée par plus de 10 000 lanternes offertes par des fidèles. À propos, quel genre de personne a été Kukai qui est tellement respecté aujourd’hui encore ?
En un mot, Kukai fut un génie. Il est né dans une famille de magistrat local dans l’île de Shikoku en 774. Intéressé par le bouddhisme, il est parti pour la Chine à 30 ans et a acquis en 2 ans les arcanes du bouddhisme ésotérique shingon difficile à comprendre. (Normalement, il a fallu 20 ans pour les acquérir.) Il est rentré au Japon pour propager ce qu’il a appris en Chine. À l’époque, ceci a été très rare. Si Kukai n’avait pas pu rentrer au Japon, le mont Koya en tant que site sacré du bouddhisme ésotérique shingon n’aurait pas existé. En 816, il a été autorisé à installer un site sacré du bouddhisme ésotérique shingon sur le mont Koya. Il est mort en 835, mais on dit qu’il est toujours vivant et qu’il est en méditation au mont Koya en priant pour la paix et le bonheur du peuple. Les repas sont apportés par les moines à son mausolée deux fois par jour. Cette tradition témoigne de la dévotion profonde du peuple envers Kukai.
Si vous prenez un chemin détourné en revenant du mausolée de Kukai, vous arriverez au cimetière contemporain et y trouverez une grande variété de pierres tombales originales. Ce sont des monuments établis par des entreprises japonaises afin de prier pour le repos des âmes des employés. Au Japon, la tradition voulait que l’homme avait une fidélité totale envers l’entreprise où il travaille. Je pense que ces monuments témoignent du remerciement sincère des entreprises envers leurs employés.
Danjo Garan
Danjo Garan, lieu dédié aux exercices spirituels du bouddhisme ésotérique shingon, s’étend à l’ouest du mont Koya. C’est un complexe qui réunit de nombreux bâtiments religieux y compris une grande pagode vermillon. Il fut le premier que Kukai a abordé à édifier lors de la fondation du mont Koya.
À propos, qu’est-ce que le bouddhisme ésotérique shingon ?
Le shingon signifie la « vraie parole » pour nouer les liens directement avec le bouddha. Le principal bouddha du bouddhisme ésotérique shingon est le dainichi nyorai. Il est le bouddha cosmique qui éclaire tous avec sa sagesse et sa miséricorde. Selon l’enseignement de l’école shingon, tous les autres bouddhas sont les incarnations du dainichi nyorai. À la différence des autres écoles bouddhistes, le bouddhisme ésotérique shingon a pour objectif d’atteindre l’état fusionnel avec le dainichi nyorai dans ce monde à travers des exercices divers pour l’illumination, satori.
Vous remarquerez la peinture à motif géométrique suspendue au mont Koya. C’est le mandala, image réduite du bouddhisme ésotérique. De nombreux bouddhas y sont dessinés dans les divisions rondes ou carrées. Le mandala de gauche est celui du royaume de diamant, kongokai-mandala. Il représente la sagesse du dainichi nyorai qui n’est ni abimée ni ébranlée. Le mandala de droite est celui du royaume de la matrice, taizokai-mandala. Il représente la miséricorde du dainichi nyorai dessiné au centre. L’ensemble de ces deux mandalas est appelé le mandala des deux royaumes, ryokai-mandala.
À Danjo Garan, une grande pagode vermillon appelée le Konpon Daito est mise en évidence. Son intérieur aux couleurs variées et vives vous impressionnera. Un immense mandala à trois dimensions y est formé avec une grande statue du dainichi nyorai du royaume de la matrice escortée de quatre statues du bouddha du royaume de diamant et entourée de seize colonnes où sont peintes les divinités de la compassion, kannon.
- Le prix du billet d’entrée du Konpon Daito est de 500 yens.
Le Kon-do sert de pavillon principal du mont Koya où se déroulent les principales cérémonies religieuses. Il a été détruit par le feu six fois dans son histoire. Le pavillon actuel est la 7ème reconstruction, tellement il occupe une place importante au mont Koya.
- Le prix du billet d’entrée du Kon-do est de 500 yens.
Le Mie-do, pavillon élégant avec des lanternes suspendues a été à l’origine une salle du bouddha privée de Kukai. Il abrite son portrait. À Danjo Garan, la plupart des bâtiments ont été détruits à plusieurs reprises par le feu. Aujourd’hui, il y a le système de protection contre le feu et savez-vous ce que c’est ?
Au mont Koya, des stèles en pierre se font remarquer. Ce sont des marqueurs appelés choishi érigés sur la route de pèlerinage de 24 kilomètres de long menant au mont Koya. Ils sont distants d’une centaine de mètres. On en compte 180 de Jison-in, temple situé au pied du mont Koya à Danjo Garan, et 36 de Danjo Garan à Okuno-in. Le chiffre 180 correspond au nombre des bouddhas du royaume de la matrice et le chiffre 36 au nombre des bouddhas du royaume de diamant. Autrefois, les pèlerins ont marché sur cette route de pèlerinage en faisant la prière à chaque choishi. Le premier choishi du royaume de diamant se trouve devant le pavillon Aizen-do, un des bâtiments composant Danjo Garan. Pourrez-vous le trouver ?
Le temple Kongobu-ji
Situé près de Danjo Garan, le temple Kongobu-ji fait office de temple principal du mont Koya. Si vous n’avez pas assez de temps de visite au mont Koya, je vous conseille de le visiter. Il a deux blasons. Vous pourrez les confirmer aux lanternes de porte. Le blason de gauche est à motif de paulownia et celui de droite est à motif d’ornement antique appelé magatama.
Qu’est-ce qu’on voit sur le toit couvert d’écorces de cyprès japonais de ce bâtiment principal ? Ce sont des barils pour recueillir l’eau de pluie, mais pour quelle raison ?
Le temple Kongobu-ji abrite le plus grand jardin de pierres du pays. Il représente une paire de dragons qui se trouve face à face dans la mer de nuages. Le jardin de pierres évoque le temple zen. Il est étonnant que le plus grand jardin de pierres se trouve au mont Koya, site sacré du bouddhisme ésotérique shingon. Des granits provenant d’île Shikoku, pays natal de Kukai, y sont utilisés. Je pense que ce jardin a été créé en hommage à Kukai.
À la fin de la visite du temple, vous verrez sa immense cuisine où les repas pour de nombreux moines étaient préparés. Ne manquez pas de voir trois grands chaudrons pour faire cuire du riz qui ont nourri environ 2 000 personnes. Au-dessous de l’autel de la divinité de la cuisine, une feuille de papier découpée est suspendue. Cette décoration de papier se substitue au shimenawa, corde sacrée constituée de torsades de paille de riz. C’est la tradition ancienne pratiquée au mont Koya dont le terrain n’est pas convenable pour la riziculture.
- Le prix du billet d’entrée du temple Kongobu-ji est de 1 000 yens.
- Carte
Le gîte monastique, shukubo
Le mont Koya est difficile d’accès, mais il serait dommage de le parcourir au pas accéléré après le long déplacement sans passer une nuit dans un des temples qui hébergent appelés shukubo. Chaque shukubo abrite ses propres beaux jardins. Vous pourrez également y goûter la cuisine bouddhiste ou assister à la prière matinale. Par rapport aux hôtels, les équipements et les services offerts par le shukubo ne sont pas soigneux, et cependant ceci est l’un de ses charmes. Séjourner chez les moines vous permettra d’expérimenter l’esprit bouddhiste.
Certains shukubo faisait office de temple de famille de daimyo, seigneur féodal d’autrefois. Vous remarquerez le blason de famille sur les lampions.
Le shojin-ryori, cuisine bouddhiste est servi dans le shukubo. Le terme shojin signifie « chasser des distractions et s’appliquer à l’enseignement du Bouddha ». Les plats du shojin-ryori sont végétariens et ne contiennent jamais de viande ni de poisson, mais vous apprécierez leur saveur délicate. Le goût naturel des aliments y est bien condensé. Des plats à base de tofu, pâte de soja y sont indispensables. Le koya-dofu, tofu congelé et séché est l’un des spécialités du mont Koya. Le goma-dofu qui signifie le tofu de sésames en traduction littérale y est aussi utilisé. Sa forme ressemble au tofu, mais c’est le mélange de sésame et de fécule de racine de kudzu d’où vient sa texture veloutée. Un peu de wasabi, raifort japonais relève sa saveur.
- Il faut environ 3 heures pour aller au mont Koya depuis la gare JR de Kyoto. Prenez la ligne JR Tokaido et descendez à la gare d’Osaka (30 min). Changez-y de ligne circulaire JR dite Kanjo-sen et descendez à la gare Shin-Imamiya (15 min). Le trajet jusqu’à Shin-Imamiya sera couvert par le JR pass si vous l’avez. Shin-Imamiya est la gare de correspondance pour la ligne Nankai. Achetez au guichet de la ligne Nankai le laissez-passer avantageux, Koyasan World heritage ticket (3 080 yens). Prenez la ligne Nankai Koya et descendez au terminus, à la gare Gokurakubashi (environ 90-100 min). Et puis, changez-y de funiculaire pour aller à la gare Koyasan (5 min). Enfin, prenez le bus pour accéder à l’intérieur du mont Koya (15 min).
Si vous partez de Namba dans le quartier sud d’Osaka, achetez le laissez-passer au guichet de la gare Nankai Namba et prenez la ligne Nankai Koya jusqu’à la gare Gokurakubashi. - Koyasan World heritage ticket comprend : le billet d’aller-retour entre Shin-Imamiya et Koyasan, le billet de bus à l’intérieur du mont Koya et les reductions sur les entrées du temple Kongobu-ji, du Konpon Daito, du Kondo de Danjo Garan et du musée. Vous pouvez acheter le laissez-passer avec billet aller en train express limité dont les sièges sont réservés (3 630 yens).
- Étant direct, le train express limité sera pratique. La plupart d’autres trains rapides ne vont que jusqu’à Hashimoto. Vous devrez y donc changer pour aller à Gokurakubashi.