Archives de l’étiquette : jardin

Jardin de dragon

Focus sur les maîtres paysagistes japonais (4ème partie) : Shigemori Mirei

Kyoto abrite de nombreux jardins merveilleux. Dans cette série, je vous parle de quelques maîtres paysagistes emblématiques qui ont joué un rôle important dans la conception du jardin japonais.

La quatrième partie se concentre sur Shigemori Mirei (1896-1975) qui a fait souffler un vent nouveau dans la conception du jardin sec en alliant la tradition avec le modernisme. En tant que paysagiste, il a créé environ 200 jardins. À Kyoto, les jardins du temple Tofuku-ji conçus en 1939 sont connus comme ses chefs-d’œuvre.

Les jardins qui donnent sur chacun des côtés du bâtiment hojo, quartier des moines du temple Tofuku-ji. Dans l’esprit zen, il est important d’éliminer le superflu. Ces jardins ont été réalisés par le recyclage des matériaux et des déchets trouvés dans l’enceinte du temple, sauf des pierres utilisées dans le jardin sud.

Shigemori se destinait à être peintre quand il était jeune. Le prénom Mirei qu’il a adopté vient du peintre français Jean-François Millet. Il s’y connaissait également en culture traditionnelle japonaise, notamment l’arrangement des fleurs et la cérémonie du thé. À propos de la création des jardins, son style est parfois avant-gardiste, mais évite de s’écarter de la tradition. La tradition et le modernisme y sont réconciliés. Dans le jardin nord, des plaques carrées en pierre et en mousse sont posées en alternance. Ce motif en damier appelé ichimatsu semble moderne, mais c’est un motif traditionnel japonais de bon augure. Il est aussi utilisé pour le logo des Jeux olympique et paralympiques 2020 de Tokyo et pour la veste kimono portée par Kamado Tanjiro, héros de Demon Slayer.

Les créations novatrices de Shigemori sont aussi visibles dans les jardins de temples annexes de Tofuku-ji. Le motif en zigzag sur la clôture en bambou représentant des éclairs, les graviers blancs représentant la mer, les graviers noirs ou rouges bordés de mortiers représentant les nuages… Certains disent que le jardin sec est triste dans l’ensemble, mais je trouve les jardins de Shigemori imprégnés de beauté picturale intéressants à voir.

Érable japonais, momiji

La chasse aux feuilles rouges, momijigari

C’est le moment d’admirer les couleurs d’automne.

Hier, je suis allée avec ma famille au parc commémoratif de Keihanna situé dans la région frontalière entre les préfectures de Kyoto, Osaka et Nara appelée Cité des sciences du Kansai. Il y a un jardin de promenade. On peut admirer une vue panoramique depuis le pont perché à 10 mètres au-dessus de la surface de l’eau.

Ce pont est également connu comme spot pour contempler le clair de lune. Au-delà du pont, il y a un design unique recouvert d’un cadre en bois sur lequel sont perchées des statues « les descendants de Galileo » de Federico Bonaldi, maître de la céramique italienne contemporaine. Leur poses sont intéressantes à voir.

C’était vraiement une petite journée agréable en famille.

Jardin du sanctuaire shinto Heian-jingu

Focus sur les maîtres paysagistes japonais (3ème partie) : Ogawa Jihei

Kyoto abrite de nombreux jardins merveilleux. Dans cette série, je vous parle de quelques maîtres paysagistes emblématiques qui ont joué un rôle important dans la conception du jardin japonais.

La troisième partie se concentre sur Ogawa Jihei (1860-1933) connu comme le précurseur des jardins japonais modernes. Autrement appelé le « magicien de l’eau et de la pierre », il a conçu des jardins lumineux en intégrant le paysage naturel en arrière-plan. Il n’y a pas de notion de mitate (sens symbolique lié à la culture ou la religion japonaise) utilisée dans le jardin traditionnel. Vous pouvez profiter simplement de la beauté du paysage de chaque saison. Ses chefs-d’œuvre se trouvent dans le quartier Okazaki et aux environs du temple Nanzen-ji.

Jardin de l'ancienne résidence de Namikawa Yasuyuki
Jardin de l’ancienne résidence de Namikawa Yasuyuki

Le jardin de l’ancienne résidence de Namikawa Yasuyuki, un des artisans les plus renommés de la technique du cloisonné. Il est aménagé autour d’un étang dont l’eau provient du canal du lac Biwa. Namikawa et Ogawa ont été voisins. Ogawa a conçu ce jardin par amitié. Il n’était qu’un simple jardinier à l’époque, mais tous les éléments tels des pierres, des lanternes, des arbres, etc y sont disposés ingénieusement et créent une ambiance reposante.

 

Le jardin de promenade de la villa Murin-an réalisé par le travail en collaboration avec Yamagata Aritomo, un homme politique et grand amateur de jardin de l’ère Meiji. Ogawa a créé des jardins dans d’autres villas construites autour du temple Nanzen-ji, mais celui de Murin-an est le seul ouvert au public aujourd’hui. Il bénéficie d’une pelouse et d’une source d’eau par le canal du lac Biwa. Le murmure de l’eau est agréable à l’oreille. Les petites pierres placées au fond du ruisseau créent des effets sonores variés. Ce jardin qui n’est pas imprégné de style classique a jouit d’une bonne réputation et Ogawa s’est chargé de créer ensuite des jardins du sanctuaire shinto Heian-jingu.

Les quatre jardins pittoresques se cachent à l’arrière du sanctuaire. En toutes saisons, ils vous offrent une balade très agréable. Profitez d’un moment de calme de ce havre de paix.

Cascade à trois étages
Cascade à trois étages

La dernière œuvre d’Ogawa se trouve dans l’enceinte de l’hôtel The Westin Miyako Kyoto, près du temple Nanzen-ji. C’est un grand jardin de promenade. Il s’étend au sud de la salle de banquet, Aoi-den. Il bénéficie d’une source d’eau par le canal en provenance du lac Biwa. Ogawa a créé une cascade à trois étages sur la pente naturelle.

Cet hôtel abrite également un autre jardin unique bénéficiant d’une source d’eau par le canal du lac Biwa dans son annexe de style japonais Kasui-en. Il a été conçu en 1925 par le fils aîné d’Ogawa, Hakuyo. En utilisant de grandes formations rocheuses naturelles, il a fait couler l’eau du canal de façon originale. Ogawa Hakuyo est mort jeune et ce jardin est aussi le dernier jardin qu’il a créé.

Jardin du temple Nanzen-ji

Focus sur les maîtres paysagistes japonais (2ème partie) : Kobori Enshu

Kyoto abrite de nombreux jardins merveilleux. Dans cette série, je vous parle de quelques maîtres paysagistes emblématiques qui ont joué un rôle important dans la conception du jardin japonais.

La deuxième partie se concentre sur Kobori Enshu (1579-1647), un seigneur féodal, maître de thé, architecte et paysagiste du début du XVIIème siècle.

 

En tant que fonctionnaire du shogunat Tokugawa responsable de travaux de génie civil, il a été engagé dans un certain nombre de projets de construction et de rénovation. Les jardins qu’il a dessinés reflètent l’autorité et la prospérité de la famille Tokugawa. Le jardin du palais Ninomaru du château de Nijo et celui du temple Konchi-in sont les meilleurs représentants. Quel que soit le type du jardin, il y a l’île grue et l’île tortue -symbole de longévité- représentées par des compositions de roches.

 

Jardin du temple Nanzen-ji
Jardin du temple Nanzen-ji

Kobori Enshu a souvent introduit la perspective dans la conception des jardins. Le jardin attaché au hojo du temple Nanzen-ji est un bon exemple. Surnommé jardin du tigre bondissant, il se compose de roches et d’arbres groupés à gauche sur le gravier blanc ratissé. Les positions des roches représentent les pas d’une mère tigre qui doit faire traverser une rivière à ses trois enfants. Dans l’espace simple de droite, Kobori Enshu a mis l’effet de perspective en scène, en baissant le mur qui entoure le jardin et en plaçant une grande roche à gauche et des roches plus petites à distance à droite.

Inspiré par l’art topiaire occidental, Kobori Enshu aurait conçu l’art de la taille japonaise karikomi. On trouve souvent des azalées taillées en formes arrondies dans les jardins japonais. Ce style simple est l’art du minimalisme.

 

Le temple Shuon-an Ikkyu-ji

Bel endroit pour admirer les feuilles rouges d’automne

Le temple zen Ikkyu-ji situé dans le sud de la préfecture de Kyoto.

Statue du moine Ikkyu

Le moine Ikkyu (1394-1481) y a passé ses dernières années. Il est l’un des moines les plus célèbres au Japon. Son nom me rappelle une série d’animation TV « Ikkyu-san » diffusée dans les années 70.

Le hojo, logement des moines d’autrefois, est entouré de trois jardins secs conçus au début du XVIIème siècle pour rendre hommage au moine Ikkyu. Le jardin sud se compose de graviers blancs ratissés verticalement et d’azalées taillées en formes arrondies. En contraste avec le jardin sud simple, des arrangements de pierres se font remarquer dans le jardin nord.

Art moderne ?

Au fond du pavillon principal, des statues en pierre représentant les disciples de Bouddha sont éparpillées. Elles ont été sculptées par des fidèles locaux. Chaque visage est différent et intéressant à voir.

Focus sur les maîtres paysagistes japonais (première partie) : Muso Soseki

Kyoto abrite de nombreux jardins merveilleux. Dans cette série, je vous parle de quelques maîtres paysagistes emblématiques qui ont joué un rôle important dans la conception du jardin japonais.

La première partie se concentre sur Muso Soseki, un moine bouddhiste de grande vertu, conseiller politique et économique du shogun et paysagiste de premier plan du XIVème siècle.

En pratiquant des ascèses en tant que moine zen, Muso Soseki a créé des jardins. Le jardin était pour lui le lieu d’introspection et de contemplation. L’ascèse était donc inséparable de la création des jardins.

Dans le jardin japonais, un arrangement de pierres symbolise la trinité des Bouddha, les îlots, la cascade, etc… L’utilisation des pierres pour les faire ressembler à d’autres choses, c’est une des particularités du jardin japonais.

La spécialité de Muso Soseki était la création de la « cascade sèche ». Il n’y a pas d’eau, mais un arrangement de pierres nous évoque le courant. Inspiré de la légende chinoise selon laquelle la carpe qui réussit à remonter la cascade se transforme en dragon, il a créé la cascade sèche et exprimé la rigueur des ascèses zen nécessaires pour atteindre l’éveil spirituel.

Si vous voulez admirer les œuvres de Muso Soseki, je vous recommande de visiter le temple Tenryu-ji et le temple Saiho-ji. Au temple Tenryu-ji, le paysage des collines environnantes incorporé dans le jardin est impressionnant. Au temple Saiho-ji, le jardin de mousses dégage d’une ambiance sereine et féerique. À première vue, la cascade sèche réalisée par des pierres montre le paysage triste, mais le message que Muso Soseki voulait nous transmettre, l’esprit zen se niche plutôt dans cet arrangement de pierres.

Le temple Todai-ji part8

Kaidan-do, salle d’ordination

Il y a aussi plusieurs bâtiments secondaires à l’ouest de la salle du Bouddha. Vous y croiserez des daims qui vadrouillent en liberté, mais peu de touristes. Le Kaidan-do qui occupe le sommet d’un petit tertre est un endroit pour recevoir l’ordination bouddhique. Vous pourrez y rencontrer des chefs-d’œuvre créés au VIIIème siècle, les quatres statues en argile de dieux gardiens des points cardinaux appelés shitenno.

Shitenno (gardien du sud, gardien de l’ouest, gardien du nord, gardien de l’est, de gauche à droite)

En tant que protecteurs du monde bouddhique, les shitenno portent des armures et pietinent des démons. Tous les quatre se tiennent debout au visage effrayant, mais vous remarquerez qu’ils ont des expressions et des poses contrastées. Les deux gardiens, le gardien du sud et celui de l’est manifestent leur colère les yeux ouverts et regardent les ennemis sévèrement. Les deux autres gardiens, le gardien du nord et celui de l’ouest cachent leur colère les yeux plissés et regardent au loin. L’harmonie créée par la beauté du contraste est magnifique. Le gardien de l’ouest est mon préféré. Chaque fois que je visite le Kaidan-do, je suis captivée par son regard perçant.

Après la visite du Kaidan-do, descendez l’escalier en pierre et continuez tout droit vers le quartier Suimon-cho. Il est parsemé d’endroits reposants, tels que l’ancienne résidence d’Irie Taikichi, un photographe originaire de Nara, le jardin Isui-en, le jardin Yoshiki-en etc.

Hakuryu-en : un jardin secret à Kyoto

Hakuryuen

Kyoto abrite de nombreux endroits célèbres pour les belles couleurs d’automne, mais il est difficile de profiter de la sérénité naturelle dans des sites populaires en raison de l’afflux de touristes.

Hakuryu-en situé dans le village Ninose, près de Kurama à Kyoto, c’est un jardin japonais très joli mais peu connu. Il est ouvert au public, mais seulement pendant une certaine période de printemps et d’automne. Ce jardin n’est pas entouré de murs. On a l’impression de se trouver en pleine nature avec des montagnes en arrière-plan.

Paysage découpé

De l’intérieur d’un pavillon, on peut admirer un paysage découpé comme une peinture encadrée. Cela représente un sens traditionnel japonais, teioku-ichinyo qui signifie « harmonie parfaite du bâtiment et du jardin ».

Le moelleux tapis de mousses est méticuleusement entretenu. Le contraste des couleurs rouges des feuilles avec les couleurs vertes des mousses est impressionnant.

Il y a aussi des astuces ludiques conçues par des jardiniers. Des mousses en forme de cœur, des fleurs variées placées dans un bassin de pierre… Elles flattent les yeux.

La réouverture du temple Koto-in

Temple Koto-in

Koto-in, un des sous-temples de Daitoku-ji est le site serein où je peux me détendre complètement chaque fois que je visite. Il était fermé en raison des travaux de restauration depuis l’été 2017, mais il a finalement été rouvert.

Voie d’accès au temple

La voie d’accès au temple recouverte d’un pavage de pierre, c’est ce que je vous conseille de voir absolument. Entourée par des érables et des bambous, elle s’étale tout droit au temple. Vous y ressentirez une ambiance paisible, éloignée du tumulte de la ville. Cette année, le rougissement des feuilles d’érables japonais est retardé… On pourra l’admirer peut-être à la fin novembre.

Son jardin surnommé le jardin des érables est modeste et de bon goût. Il n’y a pas de thèmes difficiles à comprendre, tels que la légende chinoise ou le monde du bouddhisme, etc. Vous ne vous lasserez pas de le contempler.

Horin-ji, le temple des daruma

Plein de darumas

Savez-vous ce que c’est, un daruma ? C’est une figurine en papier mâché, de forme arrondie, sans bras ni jambes. Coloré en rouge de bon augure à l’exception du visage, le daruma est inspiré de la position de méditation du moine indien Bodhidharma qui a fondé le bouddhisme zen. Selon la légende, Bodhidharma a médité pendant neuf ans face au mur en pierre et a perdit l’usage des bras et des jambes. Le daruma qui revient à sa postion initiale même si on le renverse est le symbole de persévérance.

Horin-ji situé à l’ouest du centre-ville de Kyoto est un temple zen fondé au XVIIIème siècle. C’est un petit temple, mais vous y serez étonné d’un paysage unique. Il abrite 8 000 figurines daruma. De darumas d’environ 2 mètres de haut à ceux de taille de paume… Ce temple est plein de darumas.

Pas seulement des figurines. Il sera intéressant de trouver des motifs de daruma cachés qui sont éparpillés un peu partout dans l’enceinte.

Jardin zen

Le jardin zen situé au sud du bâtiment principal vous permettra de goûter la tranquillité. Ce sera un bon endroit pour la méditation.

Bouddha couché

Horin-ji abrite aussi une belle statue de bouddha couché. Elle dort sous la couette. On peut la toucher. Il est dit qu’elle accorde le bonheur, la vertu et la longévité.