Archives de l’étiquette : kyoto

Focus sur les maîtres paysagistes japonais (première partie) : Muso Soseki

Kyoto abrite de nombreux jardins merveilleux. Dans cette série, je vous parle de quelques maîtres paysagistes emblématiques qui ont joué un rôle important dans la conception du jardin japonais.

La première partie se concentre sur Muso Soseki, un moine bouddhiste de grande vertu, conseiller politique et économique du shogun et paysagiste de premier plan du XIVème siècle.

En pratiquant des ascèses en tant que moine zen, Muso Soseki a créé des jardins. Le jardin était pour lui le lieu d’introspection et de contemplation. L’ascèse était donc inséparable de la création des jardins.

Dans le jardin japonais, un arrangement de pierres symbolise la trinité des Bouddha, les îlots, la cascade, etc… L’utilisation des pierres pour les faire ressembler à d’autres choses, c’est une des particularités du jardin japonais.

La spécialité de Muso Soseki était la création de la « cascade sèche ». Il n’y a pas d’eau, mais un arrangement de pierres nous évoque le courant. Inspiré de la légende chinoise selon laquelle la carpe qui réussit à remonter la cascade se transforme en dragon, il a créé la cascade sèche et exprimé la rigueur des ascèses zen nécessaires pour atteindre l’éveil spirituel.

Si vous voulez admirer les œuvres de Muso Soseki, je vous recommande de visiter le temple Tenryu-ji et le temple Saiho-ji. Au temple Tenryu-ji, le paysage des collines environnantes incorporé dans le jardin est impressionnant. Au temple Saiho-ji, le jardin de mousses dégage d’une ambiance sereine et féerique. À première vue, la cascade sèche réalisée par des pierres montre le paysage triste, mais le message que Muso Soseki voulait nous transmettre, l’esprit zen se niche plutôt dans cet arrangement de pierres.

Un vieux cerisier pleureur

Vieux cerisier pleureur

Un cerisier pleureur qui a environ trois cents ans.

Il est sur une hauteur et on peut avoir une belle vue sur des villages paisibles situés dans le sud de la préfecture de Kyoto.

Il est l’oncle du cerisier pleureur de Gion, un arbre emblématique du parc Maruyama à Kyoto.

Il dépérit à cause de son grand âge, mais il est toujours debout.

La saison des cerisiers

Cette année, les cerisiers ont commencé à fleurir plus tôt que d’habitude à cause d’un hiver doux. Pourvu que l’épidémie disparaisse avec le retour du printemps…

Voici les jolies fleurs qui sont en floraison au temple Tenryu-ji situé dans le quartier d’Arashiyama à Kyoto.

Ce temple est accolé à la forêt de bambous. Moins de touristes, le bruissement du vent dans les bambous est agréable à l’oreille.

Bambouseraie

Le bourg Wazuka, utopie du thé

Bourg Wazuka

Le bourg Wazuka autrement appelé « utopie du thé » est situé dans le sud-est de la préfecture de Kyoto. Les plantations de thé s’étendent à perte de vue, depuis les pentes de la montagne jusqu’au sommet. Wazuka est un grand producteur de thé.

Mais cela n’est pas très connu car la plupart des feuilles de thé produites à Wazuka sont vendues sous le nom de thé d’Uji (une des marques célèbres de thé) par des grossistes en thé. Mais la production du thé de Wazuka représente presque la moitié de la production totale du thé d’Uji. Wazuka est pour ainsi dire le pays natal du thé d’Uji.

Le climat frais, la différence de température entre le jour et la nuit, la brume matinale apportée par des rivières et des forêts environnantes… Il y a toutes les conditions favorables pour produire le thé à la saveur riche.

Okunoyama, la plus vieille plantation de thé d’Uji

Plantation de thé, Okunoyama

La région de Yamashiro située dans le sud de la préfecture de Kyoto est célèbre pour la production de thé de haute qualité connu sous le nom de « thé d’Uji ». Uji (centre de la région de Yamashiro) bénéficie de sol et de conditions climatiques favorables à la culture du thé. L’histoire du thé d’Uji remonte au début du XIIIe siècle, lorsqu’un moine a encouragé les villageois d’Uji à cultiver le thé. À Uji où se trouvent de nombreuses boutiques de thé aujourd’hui, les sept meilleures plantations de thé ont été créées à la demande de shogun, amateur de thé d’Uji, au XIVe siècle. Les six ont disparu au fil de l’urbanisation et Okunoyama est la seule plantation de thé existante encore. Elle est entretenue par Horii Shichimeien, ancien producteur-grossiste de thé. Il existe une grande variété de thés japonais tels que le sencha (thé vert), le gyokuro (thé vert supérieur avec une saveur ronde), le tencha (base de thé pour faire du matcha), etc. Ceci est dû aux différentes méthodes de culture. À propos du thé d’Uji, le tencha et le gyokuro cultivés ombragés représentent la moitié de sa production totale. À Okunoyama où il y avait différents types de théiers, ceux sélectionnés pour le gyokuro et le tencha de première qualité sont cultivés. Ceci est le fruit de 20 ans de recherches du thé d’Uji qui devrait passer à la postérité.

Matcha Narino

Le matcha (thé vert en poudre) Narino obtenu en broyant le tencha cultivé à Okunoyama après l’avoir fraîchement cueilli et chauffé à la vapeur. Riche en théanine, sans amertume, il se caractérise par une saveur plus moelleuse.

Horii Shichimeien offre le programme suivant (120 min, 5 000 yens par personne) pour s’initier au thé d’Uji. Ce programme est disponible en dehors des périodes de pointe, de la mi-avril à la fin juin et en décembre.

  • Visite de la plantation de thé Okunoyama
  • Visite de l’usine de fabrication du matcha
  • Dégustation du matcha Narino et du sencha

Le musée de la distillerie Yamazaki

Whisky japonais

Le saké fait à partir de riz est un alcool représentatif japonais. Aujourd’hui, il gagne de la popularité à l’étranger. Mais c’est sans doute le whisky japonais qui acquiert plus de notoriété sur le marché mondial. Le nombre d’amateurs de whisky japonais est en augmentation. Yamazaki fabriqué par le groupe Suntory se classe parmi les meilleurs whiskies du monde.

Distillerie Yamazaki

La distillerie Yamazaki est située au pied du mont Tenno dans le sud-est de Kyoto. Une source d’eau pure aux environs de la distillerie permet de fabriquer les whiskies de qualité. Il y a une visite guidée de la distillerie (audioguide en français disponible). L’explication du processus de fabrication et la dégustation y sont comprises (80 min, 1 000 yens). La réservation est obligatoire. Très populaire, il vaut mieux la faire un à deux mois avant la date souhaitée.

Intérieur du musée

Même s’il n’y a pas de places disponibles, une visite libre du musée adjacent (gratuit) vous permettra d’apprendre l’histoire du whisky japonais et d’explorer le monde du whisky Yamazaki (réservation nécessaire quand même).

Le clou de la visite, c’est la « librairie de whisky » dont le mur est entièrement décoré avec une grande variété de whiskies. Vous pouvez aussi voir des alambics et des cuves de brassage qui étaient utilisés autrefois.

Comptoir de dégustation

Et ne manquez pas de passer au comptoir de dégustation à la fin de la visite.

  • Pour se rendre à la distillerie Yamazaki depuis la gare JR Kyoto, prenez le train JR à destination d’Osaka et descendez à la gare JR Yamazaki (15 min, 220 yens). Elle est située à 10 minutes à pied de cette gare.
  • En plus de la distillerie, il est également recommandé de visiter la villa-musée d’art Asahi Beer Oyamazaki et Chochikukyo, maison de style mi-japonais, mi-occidental appropriée au climat japonais conçue par Fujii Koji en 1928.

Le sanctuaire shinto Otoyo-jinja

Statues de rats

Je vous souhaite à tous une très bonne année 2020.

Selon les douze signes du zodiaque chinois, 2020 est l’année du rat, nezumi en japonais. Ayant une histoire de plus de 1 100 ans, Otoyo-jinja est un petit sanctuaire shinto sur le bord du chemin de la philosophie à Kyoto. À l’entrée de l’un de ses sanctuaires auxiliaires, Okuninushi-sha, vous trouverez une paire de statues de rats en pierre. Selon un recueil de mythes, les rats ont sauvé le dieu shinto Okuninushi pris au piège d’un incendie. Ils y travaillent comme messager divin.

Le rat de droite porte sous son bras un rouleau, symbole de la science. Celui de gauche porte sous son bras une balle, symbole de la longévité.

D’autres animaux aussi travaillent comme messagers divins. Le milan, messager du dieu qui combat l’incendie, le singe, messager du dieu qui chasse les mauvais esprits, le renard, messager du dieu qui apporte la prospérité des affaires. Le serpent, ennemi naturel du rat est censé apporter chance et fortune.

Si vous vous promenez sur le chemin de la philosophie, prenez un petit détour pour découvrir cet endroit paisible.

Mizuo : un petit village du yuzu à Kyoto

Yuzu

Le yuzu, un agrume japonais récolté à la fin de l’automne. Les gens apprécient son arôme raffiné et sa saveur rafraîchissante. Le yuzu est un ingrédient indispensable aux plats divers japonais en saison froide. Mais il est acide à manger cru, donc son jus et son zeste sont principalement utilisés comme assaisonnement ou condiment. Aujourd’hui, la préfecture de Kochi est célèbre pour la production du yuzu au Japon, mais c’est Mizuo, un petit village de Kyoto qui est le berceau du yuzu japonais.

Mizuo, un petit village du yuzu

Mizuo est situé au pied sud du mont Atago et est entouré de montagnes de tous côtés. Depuis longtemps, on y cultive le yuzu en profitant d’un climat montagneux avec une grande différence de température entre le jour et la nuit. Le yuzu est un arbre à croissance lente. En général, il est greffé sur le citronnier épineux pour qu’il puisse pousser rapidement. Au bout de 4 à 5 ans, on peut récolter des fruits. Mais le yuzu de Mizuo est principalement cultivé à partir de graines. Il met 15 à 18 ans avant de donner ses premiers fruits. Le yuzu de Mizuo se caractérise par son arôme élégant et son goût profond par rapport au yuzu issu d’un arbre greffé et est très prisé par les grands cuisiniers de Kyoto.

De fin octobre à avril, on peut déguster la fondue de poulet mizutaki ou le sukiyaki de poulet chez les fermiers de yuzu de Mizuo (réservation nécessaire). Des tranches de poulet, des légumes récoltés localement, des pâtes de soja, des champignons, etc sont sautés dans une poêle de fonte. Assaisonnés avec la sauce soja, le sucre et le jus de yuzu, on le mange en le trempant dans le radis blanc râpé au jus de yuzu. C’était délicieux. On peut y prendre aussi le bain au yuzu, un bain chaud dans lequel flottent les fruits de yuzu entiers ou coupés et enveloppés dans des filets. Un accueil chaleureux des locaux, un parfum doux de yuzu…Mizuo est un endroit idéal pour passer un moment de détente entre amis ou en famille.

  • Mizuo n’est pas très loin d’Arashiyama, un des sites touristiques célèbres de Kyoto (environ 10 km au nord-ouest d’Arashiyama).
  • Pour se rendre à Mizuo, on prend le train JR Sanin pour Sonobe/Kameoka depuis la gare de Kyoto et descend à la gare de Hozukyo (20 min, 240 yens). Mizuo est à 15 min de trajet en bus (250 yens, il n’y a que 5 correspondances par jour) ou à une heure de marche de cette gare.
Gorges de Hozukyo

Hakuryu-en : un jardin secret à Kyoto

Hakuryuen

Kyoto abrite de nombreux endroits célèbres pour les belles couleurs d’automne, mais il est difficile de profiter de la sérénité naturelle dans des sites populaires en raison de l’afflux de touristes.

Hakuryu-en situé dans le village Ninose, près de Kurama à Kyoto, c’est un jardin japonais très joli mais peu connu. Il est ouvert au public, mais seulement pendant une certaine période de printemps et d’automne. Ce jardin n’est pas entouré de murs. On a l’impression de se trouver en pleine nature avec des montagnes en arrière-plan.

Paysage découpé

De l’intérieur d’un pavillon, on peut admirer un paysage découpé comme une peinture encadrée. Cela représente un sens traditionnel japonais, teioku-ichinyo qui signifie « harmonie parfaite du bâtiment et du jardin ».

Le moelleux tapis de mousses est méticuleusement entretenu. Le contraste des couleurs rouges des feuilles avec les couleurs vertes des mousses est impressionnant.

Il y a aussi des astuces ludiques conçues par des jardiniers. Des mousses en forme de cœur, des fleurs variées placées dans un bassin de pierre… Elles flattent les yeux.