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Temple Rokkaku-do

Rokkaku-do, le temple hexagonal en plein centre-ville de Kyoto

Oasis nichée entre les immeubles
Oasis nichée entre les immeubles

Un petit havre de paix entre les immeubles… Son nom officiel est Choho-ji, mais il est appelé communément Rokkaku-do en raison de la forme hexagonale de la toiture du bâtiment principal. Ce vieux temple dédié au bodhisattva Kannon est également le berceau de l’art floral japonais, ikebana.

Rokkaku-do est aussi connu pour ses pigeons, symbole du bonheur. Vous y verrez des pigeons en terre cuite pour omikuji (divinations écrites sur un morceau de papier). Ici, on plie les omikuji et les attachent aux branches du saule pleureur de l’enceinte. Selon une anecdote, cet arbre vous promet un bon mariage.

À deux pas du marché Nishiki ou de la rue Sanjo connue pour ses bâtiments de l’architecture moderne, Rokkaku-do est un bel endroit pour une petite pause en balade.

Hortensias

Mes spots préférés pour admirer les hortensias à Kyoto

Comme j’ai écrit dans mon blog, les Japonais aiment aller voir les hortensias. Il y a un peu partout au Japon des « temples aux hortensias ». À Kyoto, par exemple, le temple Mimuroto-ji, le temple Yoshimine-dera, le sanctuaire shinto Fujinomori-jinja, etc. Mais une masse de touristes afflue à ces endroits célèbres pour faire de belles photos. Je vous présente mes spots préférés pour profiter de beaux hortensias au calme.

Le sanctuaire shinto Umenomiya-taisha

Situé à l’ouest du centre-ville de Kyoto, ce sanctuaire est dédié principalement au dieu du brassage du saké. Comme d’autres sanctuaires, les tonneaux de saké sont empilés à l’entrée, mais ici ils sont également alignés au premier étage de la porte principale. Ce sanctuaire recèle un jardin de promenade où vous pourrez admirer la beauté des fleurs de chaque saison comme les fleurs de prunier, les azalées, les iris. Un espace des hortensias s’étale au fond du jardin. Vous pourrez profiter d’une agréable balade sur des sentiers bordés d’hortensias aux formes et aux coloris variés.

Umenomiya-taisha est aussi connu pour ses chats. Ils se baladent dans l’enceinte et travaillent aussi peut-être comme gardiens de la boîte à offrandes où les fidèles mettent des pièces…

  • Le prix du billet d’entrée du jardin est de 600 yens
  • Pour se rendre au sanctuaire shinto Umenomiya-taisha, prenez la ligne Hankyu Arashiyama à la gare de Katsura et descendez à la gare de Matsuo-taisha. C’est à environ15 minutes à pied de la gare. Une visite combinée avec le sanctuaire shinto Matsunoo-taisha (un autre sanctuaire dédié au dieu du brassage du saké qui se trouve près de la gare) est aussi recommandée au temps des hortensias.

Le temple Gansen-ji

Niché dans un petit village de la ville de Kizugawa dans le sud de la préfecture de Kyoto, le temple Gansen-ji est connu pour sa vieille pagode à trois étages (construction du XVème siècle) qui se dresse tranquillement dans un cadre luxuriant. En juin, entourée d’hortensias aux belles couleurs, elle est très jolie.

À la pagode, regardez attentivement les chevrons aux quatre coins. Pourrez-vous y remarquer des statuettes en bois représentant des démons ? Ils soutiennent la toiture de la pagode.

  • Le prix du billet d’entrée du temple Gansen-ji est de 500 yens.
  • Le temple Joruri-ji connu pour ses neuf statues de bouddha Amida est un autre site incontournable de la ville de Kizugawa.
  • Kizugawa est une ville limitrophe de Nara. Il est possible de combiner dans la même journée un arrêt à Kizugawa et la visite de Nara.
Fleur star de la saion des pluies

L’hortensia, star de la saison des pluies au Japon

Le mois de juin est la saison des pluies au Japon. C’est aussi la saison des hortensias appelés ajisai en japonais. L’espèce en forme de boule appelée seiyo-ajisai qu’on voit souvent a été importée d’Europe. Mais savez-vous que les hortensias sont originaires du Japon ? Après avoir été présenté par un médecin et naturaliste allemand à la fin de l’époque d’Edo, l’hortensia originaire du Japon gaku-ajisai a été amélioré en Europe et a enfin été introduit au Japon au début du XXème siècle.

Les Japonais aiment admirer les hortensias. Dans les rues, les jardins, les parcs… Ils sont omniprésents. Il existe aussi un peu partout au Japon des « temples aux hortensias » où une masse de touristes afflue pour prendre des photos instagrammables. Certes, on voit souvent cette fleur star de la saison des pluies dans les temples japonais, mais pourquoi ? L’hortensia est une plante étroitement liée au bouddhisme au Japon depuis longtemps.

La saison des pluies correspond au changement de saison au Japon. Cela faisait autrefois beaucoup de morts à l’époque où les soins médicaux n’étaient pas suffisants. L’hortensia, qui est facile à cultiver et à entretenir, était offert comme fleur de deuil. Il est également associé à kanbutsu-e, la fête célébrant l’anniversaire de Bouddha (le 8 avril) dans le bouddhisme japonais. Lors de cette fête, on prépare du thé amacha obtenu à partir de feuilles écrasées et fermentées d’une variété d’hortensia amacha originaire du Japon. On en verse sur la statuette en bronze représentant le Bouddha enfant. Cela provient d’une légende selon laquelle neuf dragons ont versé la rosée douce du ciel au moment de la naissance de Bouddha pour lui faire prendre son premier bain. Le thé amacha utilisé à la place de la rosée douce a un goût sucré.

L’hortensia doit sa popularité à sa belle floraison aujourd’hui, mais il était à l’origine une plante indispensable dans les temples japonais d’un point de vue bouddhiste.

Nakazakicho

Nakazakicho, quartier rétro et moderne d’Osaka

Nagazakicho est situé à dix minutes à pied d’Umeda, centre du quartier Nord à Osaka. Épargné par les bombardements aériens de la Seconde Guerre mondiale, il recèle de nombreux spots empreints de nostalgie. Les cafés, les boutiques, les galeries d’art dans des nagaya (un genre de logement collectif japonais) et de vieilles maisons rénovés… Ils sont nichés parmi les immeubles d’habitation moderne.

Au fond d’une ruelle, il y a un mini temple dédié au bodhisattva jizo et un mini sanctuaire dédié à la divinité serpent blanc mi-san qui est également la divinité tutélaire du quartier. Derrière le sanctuaire, vous trouverez une rangée de boutiques intéressantes à visiter.

À côté de spots instagrammables, la vie des locaux est toujours présente dans ce quartier. Cela le différencie des autres quartiers branchés et touristiques d’Osaka. Nakazakicho est un quartier sympathique à explorer à votre gré. Vous y ferez des découvertes inattendues dans le dédale de ruelles.

Sakura

Mes sakura spots préférés

-Nara
Les illuminations nocturnes n’ont pas été proposées autour du parc de Nara ce printemps. Mais les fleurs des cerisiers au coucher du soleil sont très jolies. Au mont Yoshino, on peut profiter d’une vue panoramique de 30 000 cerisiers en fleurs.

-Kyoto
Chez les Japonais, la digue Sewari-tei installée au confluent des rivières Uji et Kizu est un des endroits prisés pour contempler les fleurs des cerisiers. Le tunnel de cerisiers en fleurs s’étend sur environ 1,4 kilomètres. Il règne une ambiance féerique même dans les temples zen au moment de la saison des cerisiers. Presque tous les spots touristiques sont bondés de touristes qui veulent prendre de belles photos pour Instagram. Contempler tranquillement la beauté de cerisier bonsaï, ce serait un autre style de hanami pour échapper à la foule.

-Osaka
Voici les cerisiers en fleurs au cœur de la ville d’Osaka, la Cité de l’eau. Pour admirer des rangées de cerisiers au bord de la rivière, il n’y a rien de tel qu’une croisière en bateau. On voit le donjon du château d’Osaka au loin.

-Autour de chez moi
On peut trouver des cerisiers un peu partout au Japon. Le long de la voie ferrée, dans les parcs, dans les écoles… À quelques pas de chez soi, on peut faire le hanami dans une atmosphère paisible et nonchalante. Le cerisier pleureur du temple Jizo-zen-in sur la 3ème photo est âgé de 300 ans. Il est l’oncle du cerisier pleureur de Gion, un arbre emblématique du parc Maruyama à Kyoto. Il dépérit un peu à cause de son grand âge, mais ses belles fleurs nous réconfortent toujours.

Cerisiers en fleurs du mont Yoshino

Les cerisiers du mont Yoshino

Située à 42 kilomètres au sud de Nara, l’ancienne capitale du Japon, la région de Yoshino est considérée comme un lieu sacré du culte de la montagne depuis les temps anciens. Le mont Yoshino, emblématique de cette région, est une zone de crête qui s’étend du nord au sud de la chaîne de montagnes Omine sur environ 8 kilomètres. Avec l’évolution du shugendo, Yoshino est devenue un des premiers sites à être associé avec En-no-Gyoja qui a pratiqué des ascèses dans les monts Omine et qui a fondé le shugendo. Le mont Yoshino est situé à l’extrémité nord de la route pour les pratiques ascétiques Omine-Okugake qui mène à Kumano.

Un regard, mille cerisiers…Le mont Yoshino est également connu pour ses cerisiers. Au printemps, il est couvert de 30 000 cerisiers en fleurs. On peut y voir environ 200 variétés différentes de cerisier. La plus répandue est la variété shiro-yamazakura (cerisier de la montagne). À la différence de la variété somei-yoshino qui est la star des hanami, les jeunes feuilles brun rougeâtre de cette espèce apparaissent en même temps que ses fleurs. Depuis longtemps, les cerisiers sont vénérés comme des arbres sacrés à Yoshino, mais pourquoi ?

Les cerisiers du mont Yoshino ont un lien particulier avec le shugendo. D’après une légende, En-no-Gyoja a eu la vision d’une divinité avec un visage effrayant lors de ses pratiques ascétiques au mont Omine (=mont Sanjogatake). Cette divinité appelée Zao-Gongen serait apparue pour sauver les hommes de la souffrance. En-no-Gyoja a gravé l’image de Zao-Gongen dans le tronc d’un cerisier et a construit des pavillons Zao-do sur les monts Omine et Yoshino pour la vénérer. De nombreux fidèles, à commencer par la famille impériale, puis les aristocrates, etc. sont venus planter des cerisiers au mont Yoshino en témoignage de leur croyance, ce qui a fait de Yoshino un site célèbre pour les cerisiers.

Les cerisiers du mont Yoshino sont groupés en quatre zones par altitude, des plus bas aux plus hauts : Shimo-senbon, Naka-senbon, Kami-senbon et Oku-senbon. De début à mi-avril, ils le colorent de belles nuances.

Belles nuances de cerisier

Les cerisiers de Nakasen-bon, la zone centrale du mont Yoshino.

Vue sur la zone Nakasen-bon

On voit la pagode du temple Nyoirin-ji au loin. Dans son enceinte, il y a un jardin des cerisiers pleureurs.

Mont Yoshino au temps des cerisiers

On voit le pavion Zao-do du temple Kinpusen-ji au loin.

Zones Nakasen-bon et Kamisen-bon

Bon endroit pour admirer les fleurs de cerisiers. Un pique-nique sous les cerisiers est super.

Sanctuaire Yoshino mimakuri-jinja

Ce sanctuaire est l’un des 75 lieux de culte, nabiki pour les pratiquants du shugendo le long de la route Omine-Okugake.

Jardin sec du temple Ryoan-ji

Le jardin sec du temple Ryoan-ji

Le temple Ryoan-ji connu pour son jardin de pierres est un des sites incontournables de Kyoto. Composé simplement de gravier blanc ratissé et 15 pierres couvertes de mousse, ce jardin mystérieux est destiné à la méditation. Il aurait été créé vers 1500, mais on connaît peu de choses sur ce qu’il représente. Vous pourrez promener librement votre imagination devant ce jardin.

Le mois dernier, les travaux de rénovation du toit de bardeaux abîmés recouvrant le mur en terre qui entoure le jardin se sont achevés. Actuellement, le toit brillant ne va pas avec le jardin sec, mais il s’y adaptera petit à petit.

Au printemps, les cerisiers en fleurs enjolivent ce jardin monochrome. Vous pourrez également profiter d’une belle promenade dans l’enceinte du temple qui s’orne de fleurs telles que les cognassiers du Japon, boké, les rhododendrons, etc.

Pour se rendre au temple Ryoan-ji
Depuis Arashiyama : Prenez le tramway Randen à la gare Arashiyama. Changez à la gare Katabira-no-tsuji pour aller à Kitano-Hakubaicho et descendez à la gare Ryoan-ji. Environ 8 minutes à pied jusqu’au temple.
Depuis le temple d’or : Vous pouvez rejoindre le temple Ryoan-ji à pied, en taxi ou en bus.
-À pied
Empruntez la route Kinukake-no-michi. Comptez 20 minutes.
-En taxi
Il y a une station de taxis devant l’entrée du temple d’or. Environ 5 minutes.
-En bus
Prenez le bus numéro 59 à l’arrêt Kinkakuji-michi (un peu loin du temple d’or) et descendez à l’arrêt Ryoanji-mae. Environ 5 minutes. L’arrêt de bus 59 qui se trouvait devant l’entrée du temple d’or est fermé.

Autour du temple Ryoan-ji, je vous recommande aussi de visiter le temple Ninna-ji connu pour ses cerisiers et sa pagode de cinq étages et le temple Taizo-in qui abrite deux jardins magnifiques.

Vue panoramique

Le temple d’argent et le concept japonais wabi-sabi

La beauté de ce temple renfermant le pavillon d’argent contraste vivement avec celle du temple d’or. Il a été construit à l’origine comme villa du 8ème shogun de la famille Ashikaga à la fin du XVème siècle, moins de 100 ans après le pavillon d’or. Puisque ce shogun est le petit fils du fondateur du pavillon d’or, peut-être imaginez-vous que le pavillon d’argent ressemble beaucoup au pavillon d’or. Mais son style est tout à fait différent. Il se peut que la vue du pavillon d’argent soit décevante pour vous. À vrai dire, ce pavillon de bois n’est pas recouvert de feuilles d’argent. Malgré cela, on est captivé par l’ambiance créée par ce pavillon et son enceinte. Le pavillon d’or qui brille par sa beauté est impressionnant pour les visiteurs, mais beaucoup d’entre eux ont tout de même une petite préférence pour le temple d’argent. Est-ce parce qu’il est associé au concept esthétique japonais wabi-sabi comme on le dit souvent ?

L’enceinte du temple avait été détruite par le feu pendant l’époque marquée par de nombreux conflits militaires de la fin du XVème à la fin du XVIème siècle. Seuls le pavillon d’argent et le Togu-do, chapelle privée du shogun sont des structures survivantes de la construction d’origine. L’enceinte actuelle, y compris le jardin, a été remaniée au début de l’époque d’Edo.

Le jardin actuel est aménagé autour d’un étang de forme allongée. Il se caractérise par deux styles de différents époques, celui de l’époque de shogun Ashikaga et celui du début de l’époque d’Edo. Bien qu’ayant été rénové, le jardin qui s’étale devant le pavillon d’argent garde un peu son aspect de l’époque de shogun Ashikaga et crée une ambiance similaire à celle du temple d’or. Mais le jardin devant le Togu-do où sont disposées beaucoup de pierres de grande taille est aménagé plutôt au style du jardin du château de Nijo construit à l’époque d’Edo. Le Togu-do qui était à l’origine à l’est du pavillon d’argent a été déplacé à l’emplacement actuel lors de la reconstruction du bâtiment principal hondo, et à cette époque, le jardin a également été rénové.

Le pavillon d’argent composé de deux étages est un bâtiment construit dans deux styles architecturaux différents. Le rez-de-chaussée est de style résidentiel, tandis que le premier étage est de style de la salle de Bouddha, consacré à la statue de la divinité de la compassion, kannon. Le shogun aurait pris modèle sur le temple d’or et le temple Saiho-ji connu sous le nom du temple des mousses aujourd’hui lors de la construction de sa villa. L’étang actuel est petit et étroit, mais c’était à l’origine un grand étang rond où le shogun aurait profité d’une promenade en barque. Et l’étage supérieur de ce pavillon de bois était recouvert de laque noire. Il y avait aussi des motifs colorés sous l’avant-toit. Certes, il n’était pas recouvert de feuilles d’argent, mais il aurait affiché sa beauté magnifique. C’est éloigné du concept wabi-sabi.

Vestige du jardin haut
Vestige du jardin haut

Le jardin du temple d’argent s’étage en fait sur deux niveaux. En haut, il reste le vestige du jardin de l’époque de shogun. On peut y voir une composition de roches. Le shogun a fait créer un jardin grandiose avec des roches excavées lors de l’aménagement des terrains.

Vue panoramique
Vue panoramique

Du haut de ce jardin, on a une vue panoramique sur la ville de Kyoto. Le shogun aurait profité du même paysage. On dit qu’il était indifférent à la politique et qu’il se retirait dans sa villa pour se plonger dans ses activités culturelles. Mais en fait, il a continué à s’impliquer dans la vie politique même après sa retraite et n’a jamais abandonné le pouvoir. Il ne menait pas probablement une vie si modeste. Le concept wabi-sabi qui consiste à apprécier le raffinement dans la simplicité et la sobriété s’est ancré au milieu du XVIème siècle lorsque le wabi-cha, un style de la cérémonie du thé qui se caractérise par la simplicité a commencé à se répandre. Sans doute qu’il n’y a pas un rapport direct entre le concept wabi-sabi et le temple d’argent construit à la fin du XVème siècle.

Dans le jardin bas, un cône tronqué de sable comme chapeau se distingue plus que le pavillon d’argent sans éclat. À côté, un tas de gravier argenté avec les vagues s’étalent. Derrière le temple d’argent se trouve un sol granitique dû à la montée du magma dans les temps anciens, et on dit qu’environ la moitié de l’enceinte était recouverte de sable blanc qui coulait de la vallée en raison de l’altération du granit. C’est ce sable blanc qui a été utilisé pour la création de ces deux objets de sable et de gravier lors de la rénovation de l’enceinte au début de l’époque d’Edo. Le jardin serait argenté par les reflets du clair de lune sur ces objets. On ne sait pas pourquoi ils ont été créés, mais ils se seraient inspirés du pavillon qui était déjà empreint d’une beauté discrète. La créativité des paysagistes de l’époque est ludique et intéressante.

Lors de travaux de restauration du pavillon d’argent qui ont été menés de 2008 à 2010, on a proposé de recouvrir l’extérieur de son étage supérieur de laque noire pour lui redonner son aspect d’origine, mais seul l’intérieur a été laqué. Est-ce pour garder l’ambiance simple et mesuré du pavillon qui a été réalisée sous les effets du temps qui passe ? Il serait difficile de remettre ce pavillon considéré comme symbole du concept wabi-sabi dans son état d’origine.

Œuvres du kintsugi

La laque et l’art du kintsugi

La laque appelée urushi en japonais est faite de la sève récoltée sur l’arbre à laque. L’urushiol, le composant principal de la sève, s’oxyde et durcit, ce qui rend la laque très durable, résistante à l’eau, isolante et antiseptique. Elle est utilisée depuis les temps anciens au Japon comme adhésif, enduit et élément de décoration. La relation entre les Japonais et la laque remonte à la période Jomon(-13 000 av. J-C à -400 av. J-C). Les ornements et les objets usuels enduits de laque ont été exhumés dans des sites archéologiques de cette période. Tout au long des siècles, la laque est utilisée non seulement pour les objets quotidiens (bols, assiettes, vase, etc.) mais aussi pour les bâtiments, les statues de Bouddha et les œuvres d’art et fait partie intégrante de la culture japonaise.

On collecte la sève de l’arbre à laque en incisant le tronc. La sève laiteuse suinte des entailles. Après avoir été collectée, elle est filtrée et purifiée. Au Japon, sa collecte se fait à partir d’arbres à laque ayant atteint une dizaine d’année, de juin à septembre et encore en novembre. Une fois que la sève est récoltée, le tronc est abattu. Seulement environ 200 millilitres de sève peuvent être extraits de chaque arbre. À mesure que la sève suinte du tronc, elle change rapidement de couleur et se coagule pour protéger la vie de l’arbre. Ceci est similaire à la façon dont le sang humain forme des croûtes. Une goutte de laque, qui est considérée comme une goutte de sang, est très précieuse.

Arbre à laque
Arbre à laque

Autrefois, il y avait des arbres à laque partout au Japon et la laque était un des matériaux familiers. Mais la demande de laque a diminué au fil du temps et aujourd’hui, environ 97 % de la laque utilisée au Japon proviennent de Chine et seule 2 % environ sont d’origine japonaise. Pour restaurer les trésors nationaux et les biens culturels importants, on utilise la laque japonaise qui conserve un haut niveau de qualité.

Le kintsugi est une technique traditionnelle japonaise de réparation des céramiques, des objets en verre ou des laques ébréchés ou brisés au moyen de laque. La partie réparée est ensuite saupoudrée de poudre d’or (mais selon le cas, d’autres matériaux naturels comme poudre d’argent, laque colorée, nacres incrustées, etc. sont également utilisés). Autrefois, on utilisait quotidiennement la laque comme adhésif pour réparer la vaisselle ébréchée ou abîmée. L’art du kintsugi qui ajoute un élément décoratif à la réparation a été cultivé par les maîtres de thé au XVème siècle. Ils auraient trouver de nouveaux paysages aux fissures et aux ébréchures. Le kintsugi peut offrir une nouvelle vie aux objets cassés. Il est ainsi apprécié comme technique qui contribue à réduire l’impact environnemental causé par des produits jetables en plastique. Il y a aussi le kintsugi simple et moderne dans lequel on utilise la résine synthétique au lieu de la laque comme adhésif. Il est facile comparé au kintsugi traditionnel. Mais ce qui est important dans l’art du kintsugi, ce n’est pas seulement d’embellir les parties réparées d’or mais aussi d’utiliser des matériaux naturels.

Bol réparé avec le kintsugi
Bol réparé avec le kintsugi

Si vous voulez faire l’expérience du kintsugi traditionnel, l’atelier Shitsugei-sha situé près du temple Daitoku-ji à Kyoto est incontournable à visiter.

Pavillon d'or

Visiter le temple d’or autrement

Le temple d’or est l’un des sites les plus visités et les plus emblématiques de la ville de Kyoto. Il est recommandé comme un des incontournables lors d’un voyage pour Kyoto. Avant la pandémie de Covid-19, j’emmenais souvent des touristes dans ce temple pour les guider.

Il y avait toujours beaucoup de touristes. À proximité de la porte intérieure, on peut voir le pavillon d’or qui se dresse tranquillement au bord de l’étang miroir. Tout le monde fait sa photo. Mais après l’avoir vu, en suivant le chemin balisé, la plupart des touristes passent avec peu d’intérêt pour les autres endroits de l’enceinte du temple. Parfois, il est difficile d’avancer au sein de la foule.

La situation sanitaire s’améliore petit à petit au Japon. Les touristes (japonais) sont depuis de retour à Kyoto. Pourtant, actuellement, le temple d’or n’est pas aussi bondé de touristes qu’avant.

De nombreux touristes étrangers envahiront-ils ce temple l’année prochaine ? Le chemin vers le pavillon d’or a été modifié. J’espère que cela réduira la saturation des touristes aux spots photo.

Les échoppes, les boutiques de souvenirs et les distributeurs automatiques apparaissent le long du chemin. Personnellement, je n’aime pas son ambiance très touristique et commerciale.

Le pavillon d’or, c’est le clou de la visite du temple. L’année dernière, les travaux de réfection du toit se sont achevés. La statue de phénix sur le toit a également été réparée avec de nouvelles feuilles d’or. Le pavillon d’or qui a retrouvé sa splendeur vous offre une vue à couper le souffle. Mais il y a d’autres choses intéressantes à voir. Explorons ensemble le temple d’or autrement, que ce soit votre première visite ou votre deuxième visite.

Le côté sud de l’étang miroir est le meilleur spot photo du pavillon d’or pour les touristes. Mais le shogun (le fondateur du pavillon d’or) profitait habituellement la vue sur le jardin du côté est de l’étang. Pourquoi ? Que peut-on voir d’ici ?

Le pavillon d’or comporte trois étages. Le rez-de-chaussée est de style des résidences de l’époque. Les premier et deuxième étages dorés sont de style des temples (espaces dédiés au Bouddha). C’est très beau. Mais remarquez aussi son côté nord. C’est plutôt peu intéressant à voir. Il n’y a pas de fenêtres. Pourquoi ?

Côté nord du pavillon d'or
Côté nord du pavillon d’or

Au nord du pavillon d’or vous trouverez deux compostions de pierres et une cascade qui représente une carpe remontant un torrent. De l’eau coule en minces filets vers la fossé étroite et ne se jette pas directement dans l’étang. Pourquoi ?

Le temple d’or abrite deux types de jardins. L’un est le jardin aménagé autour de l’étang miroir où se trouve le pavillon d’or. L’autre est le jardin supérieur aménagé autour de l’étang Anmintaku. La plupart des touristes ne s’y arrêtent pas en disant qu’il n’y a rien d’extraordinaire. Ces deux jardins ont été conçus à différentes époques. En les comparant, on peut voir comment le style de jardin japonais a évolué au fil du temps.

Étang Anmintaku
Étang Anmintaku